[i572]                                                DE LA VILLE
ronne de France, de ceste très illustre maison de Bourbon, yssue de ceste tige très généreuse du bon roy sainct Loys, et estant venu pour faire alliance avec le Roy nostre sire; vous suppliant croire que vous serez en ceste Ville le très bien venu ct que chacun se resjouist dc vous veoir, soubz l'esperance qu'ilz ont que vous maintiendrez le repoz, et que contre ceulx qui le vouldroient alterer vols vous y opposerez.
rt Sire, je vous presente les tiens de la Ville, lant en general que en particullier, pour en disposer à vostre volonté, estant prest à vous y obeyr, suivant ce qu'il a pleu à la Majesté du 1 loy nous commander. Vous suppliant avoir les affaires de la Ville tousjours cn recommandation, et nous maintenir en vostre bonne grace, estans asseurez que vous avez si bonne part du Roy, que ceulx qui se retireront devers vous ne seront jamais privez du fruict de leur esperance.
"Sire, vous soyez plus que le très bien venu.-
Ledict sieur Roy a respondu :
"Messieurs, je vous remercie de la peyne que vous prenez et de l'honneur que vous mc faictes, et pareil­lement de la bonne reception que vous avez faicte à la feue Royne ma mere f', de quoy j'ay esté bien ad­verty. Je vous prie de croyre quc en tout ce que je pourray, tant en general que en particullier, je vous feray plaisir de bien bon cueur.?!
Ledict sieur Prevost a respondu :
"Sire, nous vous remercions très humblement el
DE PARIS.
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vous supplions que demeurions tousjours en vostre bonne grace. ■»
Et estant près Messeigneurs le cardinal de Bour­bon, de Montpensier, Prince daulphin ct duc de Nemours^2), qui estoient suiviz de grande quanlilé de seigneurs, ledict sieur Prevost les a suiviz assez près. Mais voyant Messeigneurs d'Anjou et cl'Allen-çon, freres du Roy, qui venoient encores au devant dudict sieur Roy de Navarre, qui avoient une si grande trouppe, que craignant confusion, el que mondict sieur le Prevost des Marchans fut blessé ;\ la jambe, ledict sieur Prevost et Messieurs les Es­chevins avec Messieurs de la Ville sc sont mis en une grande courl près Sainct Jacques du Hault Pas, laissant passer la presse, puis après ont suivy jusques devant le Louvre, et de lai sont retournez en l'Hostel dc Ville W.
[Les Echevins font visite au noi de Navarre, au Louvre.]
Et le vendredy ensuivant, m esd. sieurs les Esche­vins ont esté en leurs habitz ordinaires faire la re­verence audict sieur Roy de Navarre logé au Louvre, allans les sergens de la Ville en leurs robbes de li­vrée devant, et à icelluy presenté plusieurs confi­tures et dragées fort exquises, dont il les a benigne-ment remerciez.
(-) Jeanne d'Albret, qui était venue à la cour pour négocier ce mariage, avait quille Blois le 15 mai et s'était rendue à Paris avec l'intention de s'occuper des préparatifs de la cérémonie. Elle logea chez Jean Guillart, évêque de Chartres, qui avait embrassé Ies idées nouvelles, et succomba le 8 juin à un accès de fièvre pernicieuse. La cérémonie du mariage de Henri de Bourbon fut retardée de plus dc deux mois. Il fut célébré le i 8 août, ainsi qu'on le verra dans le volume suivant, p. 8.
(2> Ou le duc de Nevers, suivant une autre relation. Le cardinal de Bourbon, le duc de Montpensier, lo Prince dauphin et le duc de Nevers, vêtus do deuil ii cause de la mort récente de Jeanne d'Albret, étaient allés au-devant de Henri dc Bourbon jusqu'à Palaiseau. Le roi de Navaire était accompagné du prince de Condé, de l'Amiral, du s1 de la Rochefoucauld, de M. do Beauvais et de plusieurs autres seigneurs, tous en deuil. Son cortège rencontra, dans lo milieu du faubourg Saint-Jacques, les deux frères du Roi avec le duc de Guise et les maréchaux de France, escortés d'une grande troupe que l'on estimait à plus de quatro ou cinq cents chevaux. Les compagnies qui entrèrent dans la Ville, lant celles qui étaient venues avec Henri de Na­varre que celles qui étaient allées à sa rencontre, pouvaient monter environ à douze cents chevaux. "Les huguenots faisoient bruict ttque led. s* Roy de Navarre-amenait avec luy plus de quinze cents chevaulx, mais il s'en défailloit plus de moitié, n (Lettre du io juillet 1572, de la collection .Dupuy, publiée par M. le comte Delaborde, Gaspard de Coliijny, amiral de France, Paris, in-8°, I. 111, 1882, p. 426.)
(3> Lo Parlement ni les autres Cours souveraines ne paraissent pas être allés avec les officiers de la Ville au-devant de Henri de Bourbon ; du moins leurs registres sent muets sur cet événement. A la date du 8 juillet 1572 , on lit sur celui du Parlement (Conseil) : "Ce jour, la court a arresté qu'elle vacquera jusques à lundy, pendant lequel temps seront faictz les préparalifz, suivant le comman-"dement du Roy, pour aller seoyr nu couvent des Augustins.» (Archives nat., X1* 1637, -0'- 27-) -- P-l-1-5 était livré aux tapissiers pour les préparatifs du mariage du roi de Navarre avec Marguerite de Valois.
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